Les performances des pompes à chaleur (PAC) aquathermiques

Une caractéristique importante des pompes à chaleur sur nappe phréatique (PAC à eau) est d'utiliser l'eau à environ 12 °C provenant d'un pompage à faible profondeur dans un sous-sol alluvionnaire et de rejeter l'eau de cette source dite froide à une température encore plus froide. C'est le cœur même de la PAC dans un cycle thermodynamique presque idéal, utilisant les propriétés enthalpiques des fluides caloporteurs assurant les transferts thermiques modernes qui permet d'obtenir ce résultat.

Le fonctionnement conventionnel d'une PAC génère en effet un flux thermique capable d'assurer le chauffage des maisons individuelles ou des immeubles. Comme les miracles n'existent pas il faut naturellement apporter de l'énergie pour assurer le cycle thermodynamique du fluide caloporteur. Cette énergie est électrique et a naturellement un coût. Un compresseur, entraîné par un moteur électrique comprime le fluide caloporteur pour assurer le cycle thermodynamique. Il augmente la pression du fluide caloporteur alors qu'il est en phase gazeuse avant qu'il ne passe à l'état liquide dans le condenseur. Ces transferts thermiques sont d'autant plus intéressants et économiques pour l'utilisateur que la différence de température entre la source froide et la source chaude est faible. Cette particularité de la pompe à chaleur est importante pour l'utilisateur car elle conditionne en grande partie son coût d'exploitation. Elle privilégie l'eau par rapport à l'air en tant que fluide utilisé pour la source froide. L'eau lorsqu'elle est pompée dans le sous-sol a en effet une température sensiblement constante de 12°C et ceci même en hiver. L'air ambiant au contraire peut avoir une température négative ce qui augmente la différence de température entre les sources froide et chaude et affecte le rendement de la PAC. Avec les pompes à chaleur à eau moderne, la température de rejet de l'eau vers le sous-sol ou dans la rivière est de l'ordre de 4° C, voir même inférieur. Les débits d'eau mis en jeu ne sont pas importants en regard des débits souvent disponibles dans nos nappes aquifères et très faibles par rapport au débit de la rivière.

Les puissances thermiques mise en jeu sont par contre loin d'être négligeables. La puissance thermique générée par un débit d'eau de 4 l/s (15 m3/h) dont la température chute de 8°C est de l'ordre de 130 kW. (Chaleur spécifique de l'eau : 1 calorie/gramme et °C avec l'équivalent mécanique de la calorie de 4,18 joules)  Cette puissance est suffisante pour chauffer un gros immeuble correctement isolé avec des coûts d'exploitation réduit par rapport à celui de l'énergie produite à partir de la combustion des produits fossiles.

A l'encontre des centrales nucléaires qui se servent de l'eau de la rivière pour refroidir le réacteur et qui rejette de l'eau tiède dans celle-ci, le gros avantage d'une PAC à eau – lorsqu'elle est utilisée pour le chauffage - est l'abaissement de la température de l'eau de la rivière lorsque l'eau sortant de l'évaporateur est rejetée directement dans la rivière. A l'inverse de la chaleur, le froid diminue en général l’activité microbienne et bactériologique. En diminuant ces activités il réduit la consommation d’oxygène qui en résulte ce qui conduit à une diminution de la pollution des eaux. 

Bien que difficile à trouver, il existe maintenant sur le marché des constructeurs qui proposent des PAC à eau dans des gammes de puissance allant de 20kW à 500 kW couvrant la plupart des besoins individuels et collectifs en chauffage.

La raison pour laquelle la technologie des pompes à chaleur sur nappe phréatique ou aspirant plus simplement l'eau de la rivière n'est pas plus développée en France est probablement est probablement lié à l’ignorance et au lobby pétrolier. Le fait que le prix du gaz soit indexé sur le pétrole devrait conduire sur le long terme à augmenter sensiblement le prix du gaz et être une incitation au développement des PAC à eau en France. L'avance de l'Allemagne sur la France dans ce domaine s'explique probablement par le fait que le gaz est 2 fois plus cher en Allemagne qu'en France. Ces technologies étant relativement nouvelles, l’utilisateur final, qui doit se transformer en Maître d’œuvre pour faire aboutir le projet, était jusqu'à maintenant peu enclin à jouer le rôle de cobaye car l’incitation financière était trop faible. De plus, il ne suffit pas qu’une technologie soit aboutie pour qu'elle soit utilisée. Ces pompes à chaleur sur nappe phréatique mériteraient en tout cas à être mieux connues. Claude Allègre qui s’est trompé pour le réchauffement climatique n'avait par contre pas tort de dire dans son dernier livre que, en France, la vérité scientifique met beaucoup de temps à être acceptée.

On dit souvent que la consommation de produits fossiles en France se partage à part sensiblement égales entre les besoins liés au chauffage des habitations, ceux de la consommation des moteurs thermiques assurant le transport routier et l’industrie. A défaut de fournir de l'énergie mécanique, et a fortiori de l’énergie électrique puisqu’elles en consomment, la capacité des PAC à eau de délivrer économiquement des puissances thermiques importantes adaptées au besoin du chauffage urbain en n'envoyant que très peu de gaz nocifs dans l'atmosphère comparativement au gaz est très intéressante pour notre environnement.

En complément des principaux avantages : faible coût d'exploitation et relative indépendance de l'utilisateur sur le plan énergétique, elle présente des petits avantages comme celui de pouvoir arroser gratuitement son jardin avec l'eau de retour de la source froide moins calcaire plutôt que de payer au prix fort l'eau du robinet. Elle nous donne aussi une opportunité de régénérer notre sous-sol qui en a bien besoin en filtrant éventuellement l'eau avant de la réinjecter dans celui-ci ou de rejeter cette eau dans la rivière.

Il pourrait être de notre intérêt de nous rapprocher de pays en avance sur nous dans ce domaine. La Suisse, l'Allemagne et le Canada font partie de ceux-là. Ils sont de plus proches de nous sur le plan affectif. Allons-nous comme Astérix attendre que le ciel nous tombe sur la tête.

Un peu de théorie

La structure générale d’une PAC soumise à deux sources de chaleur (dite ditherme) est donnée ci – dessous.
Grâce à l’énergie électrique We  fournie à ce système, on absorbe à la source froide (qui est à la température Tf) l’énergie thermique Wf  et on rejette à la source chaude (à la température Tc > Tf) l’énergie thermique Wc.

En isolant le système constitué par la PAC, le bâtiment et son sous-sol, on peut dire en raison du principe de la conservation de l'énergie que l'énergie thermique Wc dissipée par l'immeuble est égale à la somme des énergies thermiques provenant du sous-sol  Wf  majoré de l'énergie électrique We  d’entraînement du compresseur de la PAC.                                                          
               
Wc = Wf + We          1)

Le COP de la PAC est par définition le rapport entre l'énergie thermique (gratuite) et l'énergie électrique (payante) W d'entraînement du compresseur  
           
 COP = Wc / We                   2)

         En supposant que la machine ainsi considérée décrit un cycle thermo dynamiquement idéal (en principe réversible), l’application du second principe1)
          au système ditherme, permet d’écrire :
                       Wc / Tc = Wf  / Tf  (égalité de Clausius)  ou Wc / Wf = Tc / Tf      3)

en considérant les équations 1 et 3          2 s'écrit

COP = Wc / We =  ( Wf + We) / We = ( Wc / (Tc / Tf                      )  + We) / WeWc/ We  / (Tc / Tf                     ) + 1 = COP / (Tc / Tf                       ) + 1

COP - COP / (Tc / Tf) = 1   ou COP ( 1 - 1/ Tc/Tf) = 1

 ou     COP = 1/ ( 1 - 1/ Tc/Tf)    4)

Cette formule importante permet de comparer les différents types de pompe à chaleur suivant que l'eau le sol ou l'air est utilisé en tant que source froide pour les transferts thermique. Elle permet en effet de se faire une idée de la façon dont le rendement de la pompe à chaleur se dégrade lorsque la différence entre la température de la source chaude et celle de la source froide augmente.
Bien qu'issue de théories anciennes basées sur le principe de la M
achine de Carnot et de fluide caloporteur tel que l'eau initialement utilisée pour les locomotives, elle prouve que le rendement d'une pompe à chaleur est amélioré lorsque la température de l'eau pompée augmente ou inversement lorsque la température du circuit de chauffage diminue (utilisation de radiateurs largement dimensionnés ou planchers chauffants basse température). Les progrès effectués récemment avec les fluides caloporteurs modernes permettent d'arriver à des COP de 5 (voir 6 pour les PAC aquathermiques de forte puissance) avec un chauffage au sol basse température.
La réutilisation des radiateurs muraux des immeubles anciens est également envisageable pour la raison qu’ils étaient largement dimensionnés avant 1975. Le rendement peut être notablement affecté si la température requise à la source chaude est trop élevée. Sur les pompes à chaleur aquathermiques modernes, une température de sortie condensateur de 55°C entraîne un COP qui reste supérieur à la valeur minimum admise de 3. Vu le le coût important de l'énergie électrique il est généralement plus intéressant en terme d'amortissement de remplacer les radiateurs en place.

        1)Voir site des élèves et professeurs du lycée Paul Langevin      (Voir page 43 les critères de choix des fluides frigorigènes)
          Voir également
comment l'énergie thermique Wc délivrée par la pompe à chaleur est utilisée pour chauffer l'habitation.
    

Comprendre ce qu'il faut faire, ou forer?

Le débit nécessaire pour assurer les échanges thermiques dans la pompe à chaleur sur nappe libre ne sont pas très importants (environ 2 l/mn par kW thermique restitué).

Il y a des régions plus favorables que d'autres pour assurer la pérennité du débit. Les nappes aquifères sont continus dans les zones hachurées de la carte ci-dessous


Synoptique simplifié de fonctionnement d'une PAC eau/eau sur nappe libre
   Evaporateur en chaufferie avec aspiration et rejet dans la nappe libre

 


Synoptique simplifié de fonctionnement d'une PAC eau/eau sur champ de sondes
   Evaporateur dans la nappe libre
 

 Elles sont donc plus favorables que les zones non hachurés ou les aquifères peu profonds sont discontinus.

La proximité de la rivière apporte une garantie supplémentaire et les débits disponibles sont généralement supérieurs au besoin.
Il existe même dans le sud ouest du bassin aquitain et dans le bassin parisien des zones ayant des
aquifères raisonnablement profonds sans discontinuité favorables à la géothermie grande profondeur avec des températures pouvant excéder 70°C.

 


                                         Données Géothermie perspectives).(cliquer sur l'image pour l'agrandir)
 

Cliquer sur l'image pour prendre connaissance avec la PAC eau eau des Mureaux

La pesanteur régit la circulation de l'eau souterraine des nappes libres qui s'écoulent lentement vers l'aval par effet gravitaire. Il est raisonnable de penser que le sens d'écoulement des nappes phréatiques suit le profil moyen de la rivière.

Dans le cas de méandres tels par exemple ceux de la basse Seine on peut s'interroger si l'écoulement se fait en suivant le profil moyen de la rivière ou si des écoulements locaux ayant des directions différentes peuvent s'établir.

Ce point est important par le fait que le forage de la source chaude doit être effectué en amont de telle sorte que l'eau plus froide rejetée par la pompe à chaleur ne vienne pas diminuer le rendement de la pompe.

 

Cas des maisons individuelles en zone rurale

(puissance thermique 20 à 50 kw)

1) Ce qu'il ne faut pas faire
Il est important d'une part, de ne pas trop rapprocher le forage de la source chaude (eau aspirée à environ 12 à 14°C alimentant la PAC) et celui de la source froide (eau rejetée dans le sous-sol à environ 4°C);  d'autre part le forage de l'eau pompée devra être impérativement en amont du forage de l'eau plus froide rejetée pour les raisons évoquées ci-dessus. D'autant que le niveau de la nappe à tendance à baisser localement autour du point de pompage.(Vortex)

 

  
                                  figure 1

2) Ce qu'il est préférable de ne pas faire

Contrairement à la plupart des pays européens, les pompes à chaleur géothermiques vendues en France sont pour l'essentiel à capteurs enterrés horizontaux. Est-ce par crainte de ne pas trouver suffisamment d'eau dans le proche sous-sol?, cette solution probablement plus économique à implanter en raison du coût des deux forages verticaux entraîne pourtant des coûts d'exploitation et une consommation électrique plus importante en raison d'un COP plus faible. Elles utilisent de l'eau additionnée de glycol au cas où le sous-sol gèlerait et elle ont, toujours pour les raisons évoquées plus haut (formule 4)) un moins bon rendement. De plus elles sont condamnées en zones urbaines où le terrain est rare.

 

3) Ce qu'il peut être intéressant de faire
Si l'habitation est à proximité de la rivière l'eau plus froide peut être rejetée directement dans la rivière, le drainage d'un canal ou dans un ruisseau contiguë au terrain ce qui réduit d'autant les frais d'installation. (elle peut aussi servir à arroser économiquement le jardin)
On peut aussi utiliser l’eau de la rivière pour faire fonctionner une pompe à chaleur. Selon le débit prélevé par la pompe, le débit d’étiage du cours d’eau et le type de cours d’eau (domanial ou non), cet usage peut être soumis à déclaration ou à autorisation et assujetti à une redevance du domaine public (
rivières domaniales).
Pour plus de renseignements, se renseigner à la direction départementale de l’agriculture et de la forêt. C’est auprès d’elle que se font les démarches nécessaires.
On peut penser que la redevance est symbolique étant donné que la pompe à chaleur en rejetant une au plus froide dans la rivière participe à la défense de son écosystème

4) Ce que l'on peut faire
Pour une grande propriété sur un grand terrain et lorsque la maison est éloignée de la rivière la solution à deux forages verticaux peut être envisagée en raison de l'excellent rendement
(COP de 4)

 

Cas des immeubles en zone urbaine

(puissance thermique jusqu'à 500 kw)


5) Ce que l'on pourrait éventuellement faire
En zone urbaine, le terrain est rare. Lorsque la surface l'immeuble est situé sur un jardin, la surface de terrain requise pour les forages verticaux est  généralement compatible avec la pompe à chaleur. Le débit utile pour générer une puissance thermique de 300 kW, suffisante pour chauffer un gros immeuble, est de l'ordre de 50 m3/h  1)

Le rendement des pompes à chaleur forte puissance est excellent 
(Un COP de 5 est envisageable avec les planchers chauffants basse température ou avec les radiateurs des immeubles anciens souvent largement dimensionnés.
Ce mode de chauffage
mériterait d'être plus souvent utilisé en ville

6) Ce que les municipalités devraient entreprendre sous le contrôle d'un organisme accrédité

Aspirer et refouler l'eau dans le fleuve ou la rivière traversant généralement la ville

 1). Lors de l'implantation d’un parking sous terrain au lieu-dit ‘’Parchamps’’ à Boulogne Billancourt 92100 dans un méandre de la Seine (voir figure 1 ci-dessus), il a fallu prévoir 4 forages verticaux avec dans chacun d'eux une  pompe de 500 m3/h, soit un débit total de 2000 m3/h pour abaisser la nappe phréatique sur une surface de l’ordre de 2500 m² avant injection d’un béton d’étanchéité. (information communiqué par un ingénieur Bouygues)

On ne peut que regretter qu'à l'occasion de telles réalisations, les municipalités ne pensent pas à laisser en place certains de ces forages pour utilisation ultérieure aux fins du chauffage des immeubles situés à proximité.