En guise de Conclusion

 

 

Depuis les années 50, la rivière a commencé à devenir un peu trop dépendante de l’énergie. Impuissant, le monde du canoë-kayak français a alors, bon gré mal gré, laissé sacrifier la plupart de ses rivières pour satisfaire un légitime besoin en énergie. Que la rivière participe dans la mesure de ses moyens à l’effort commun soit, mais pas en fournissant à elle seule la plus grande partie de l’énergie propre du pays, pas en acceptant qu’elle devienne une chasse d’eau hydrologique avec ses irrégularités de débit dangereuses pour la baignade et la pêche. Il n’est pas acceptable qu'une rivière comme le Rizzanese, ni d'ailleurs aucune autre rivière soit sacrifiée à une dépendance excessive au chauffage électrique alors que des solutions combien plus intelligentes pour l’avenir touristique de la France et la qualité de notre environnement existent. Allons nous, suite à une incroyable imprévoyance politique énergétique réécrire l’histoire. Pour faire face aux défis énergétiques de l’avenir, nous ne devons pas nous sentir condamnée à bétonner nos vallées et à faire passer dans des tuyaux 90% du débit de nos plus belles rivières.

 

"La rivière au fil de l’eau" pour le plaisir du touriste nautique, du promeneur pédestre ou du pécheur longeant ses berges certainement.

"Les barrages au fil de l’eau" avec leurs nuisances pour le tourisme et l’écosystème constitué par la rivière pour produire une quantité d’énergie qui va vite devenir négligeable en regard des besoins futurs, certainement pas.

 

Il est grand temps que l’on profite mieux de notre environnement pour mettre en place des chaînes énergétiques différentes. Concernant le chauffage des habitations, pourquoi ne pas produire l’énergie thermique directement avec les panneaux thermo solaires ou les pompes à chaleur sans passer par la filière électrique et le désastreux rendement de l'effet Joule.  Pour la fourniture de l'énergie électrique, pourquoi ne pas investir plus dans le voltaïque afin de satisfaire les besoins en éclairage.

Pourquoi ne pas imiter l'Allemagne  ?......Pourquoi tant d'imprévoyance?

Le long terme en France serait-il une succession de courts termes ?

 

Concernant la navigation, les nouveaux barrages à clapet, extrêmement dangereux, ont été implantés sans concertation aucune avec les usagers de la rivière et maintenant que le mal est fait, rien n'a été prévu pour l'aménagement des barrages existants alors que des solutions recevables ont déjà été proposées en 1979.  Certes, l'implantation de glissières permettant de contourner les barrages les plus dangereux fait l'objet d'un vaste projet, mais force est de constater que beaucoup trop de barrages, pourtant particulièrement dangereux, ne sont pas encore équipés alors qu'ils sont parfois localisés sur des parcours touristiques attirant étrangers et amoureux du tourisme nautique itinérant.

Ces réalisations, loin d'être terminés, se font encore au coup par coup, parfois suite à un accident mortel. Faut-il rappeler que ces réalisations qui permettent aux canoéistes de descendre la rivière en toute sécurité permettent aussi aux saumons de la remonter.

 

La rivière peut encore nous apporter beaucoup, y compris pour la fourniture d'énergie, mais d'une façon différente qui n'affecte pas le tourisme et la sécurité. Nous devons prendre conscience qu'il peut être de notre intérêt de mieux utiliser la nappe phréatique en bordure des rivières pour la production d'énergie thermique, réaliser que sur les rivières de haute montagne à régime glacière rien n'empêche à priori de développer des microcentrales sous réservent qu'elles s'intègrent parfaitement à notre environnement et qu'elles soient utilisées intelligemment au rythme journalier de la rivière en oubliant cette absurde et injuste notion de "débit réservé".

 

La rivière n'appartient à personne, elle appartient en fait à tout le monde et c'est peut-être cela le vrai drame. Cela pourrait être aussi sa dernière chance.  Si aucune règle générale juste et équilibrée préservant la qualité de notre environnement, si aucune prise de conscience collective ne se manifeste sur la façon de gérer ce bien précieux, il sera trop tard. Il est déjà presque trop tard. Il reste heureusement quelques merveilleuses rivières en France mais trop souvent le spectacle est affligeant pour le touriste nautique, le promeneur pédestre ou plus simplement pour celui qui aime l’harmonie naturelle d’un cours d’eau.

Les sentiers de grande randonnée qui pourraient être eux aussi des lieux de promenade "au fil de l'eau" très agréables restant en bordure de la rivière, se contentent la plupart du temps de traverser la rivière et s'en éloigne rapidement en raison du danger potentiel que représente les barrages et les lâchers d'eau artificiels intempestifs.

 

Au moment ou l'on vient d'ajouter à notre Constitution le premier article de la charte de l'environnement : Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et favorable à sa santé, le monde du canoë-kayak espère que ces propositions seront entendues.

 

Nota

Toutes fonctions confondues ; irrigation agricole, production électrique, réserves d'eau potable pour la saison sèche, maintien d'un niveau suffisant pour la navigation à l'étiage, zones de loisirs, amélioration de l'enneigement dans les stations de ski, ancien barrage prévus à l'origine pour le flottage du bois et vieux moulins désaffectés, il y a en France plus de 150 000 barrages de toutes tailles. Ils sont tellement nombreux que l'administration en perdrait le compte. Selon nos députés, le département du Gers à lui seul en compte plus de 2 800 dont 744  font plus de 10 mètres de haut, une centaine d'entre eux ayant une capacité supérieure à 15 millions de mètres cubes. Beaucoup ont atteint un degré de vétusté avancé et ceux qui n'ont plus de fonction sont parfois laissés à l'abandon et  ne sont plus entretenus. Pour les barrages à faible hauteur de chute, le travail à réaliser au titre du droit de passage est tel qu'il semble préférable d'équiper en priorité les parcours présentant le plus grand intérêt touristique pour la raison qu'ils seront inévitablement les plus fréquentés. Sur ces parcours, les clubs locaux prennent maintenant conscience que toute activité doit préserver les ressources qu'elle exploite et réalisent combien il est important de balayer devant sa porte en nettoyant les rivières des détritus qui encombrent parfois son lit. Quant à l’obligation d’achat par l'EDF à un taux majoré de l'énergie électrique produite par les particuliers, pour valable et utile qu'elle soit en ce qui concerne l'énergie photovoltaïque et éventuellement les éoliennes, elle conduit, dans le cas des microcentrales localisées sur les petites rivières à usage touristique et non glacières, à une dégradation de la rivière et de son environnement au détriment de l'intérêt général.

 

 

 

 

.