1)
Les
définitions

De nombreux essais ont étés réalisés en aviation pendant
la première et la 2ème guerre mondiale pour et optimiser les profils afin
d'améliorer les performances en fonction de paramètres précis, portance,
consommation de carburant, vitesse etc Les profils NACA constituent la
base de choix la plus importante.
On peut identifier un foil à partir d’une référence qui permet de le situer
en général.
Le premier chiffre caractérise la famille.
Le 2ème chiffre l'emplacement de la
dépression minimum sur l'extrados
(4 signifie que la dépression minimum est à 120 mm du bord d'attaque pour
un foil ayant une corde de 300 mm)
Le 3ème chiffre (en petit caractère) la portance la plus favorable en
ce qui concerne la cavitation et le gradient de pression sur l'extrados.
Vient ensuite 3 chiffres qui donnent des information sur la forme
géométrique du profil (cambrure et épaisseur relative), puis plusieurs
chiffres donnant les dimensions du profil (corde et longueur)
L’élancement
l
du foil est égal au rapport longueur
foil / corde, dans le cas présent 1400/ 300= 4,66

L’épaisseur relative est
égale à l’épaisseur divisée
par la corde (e/C).
Elle s’exprime en % (de
6 à 8% pour un foil mince et de 18 à 22% pour un foil épais).
La cambrure est aussi ramenée à la longueur de la corde. Elle peut varier
de 2 à 6% pour les foils très cambrés.
L’incidence est l’angle que fait l’écoulement du fluide par rapport au
plan de la corde.

Les 2 courbes ci dessus permettent de comparer la répartition de la dépression
sur l’extrados le long de la corde pour 2 foils d’épaisseur relative différente.
On remarque que dans le cas du foil mince (courbe 2) la dépression maximum
est plus importante et est décalée du coté du bord d’attaque du foil.
Dans le cas d’un foil
épais la dépression maximum est plus faible et est plus à l’arrière du
foil.
C'est souvent la zone avant de l'extrados qui est en plus grande dépression.
Une plage d'incidence plus importante peut donc être obtenue sans cavitation
avec les foils épais.
Il est toutefois difficile de prédire à partir de la littérature existante
comment la dépression s'établit sur l'extrados en s'éloignant du bord
d'attaque.
Les courbes ci-dessus semblent confirmer
que les profils restant plus épais en se rapprochant du bord de fuite
permettent de maintenir plus longtemps le régime laminaire sur l'extrados
ce qui améliore la portance et le rapport portance/traînée aux grandes
incidences
2)
Le nombre de REYNOLDS
Le Nombre de Reynolds est un nombre sans dimension égal à
Re = V c /
n
V
La vitesse de l’écoulement exprimée en m/s
c
La corde du foil exprimée en
m
n
La viscosité cinématique de l'eau qui est par définition de 1 centistoke
(10- 6 m²/s)
à titre d’exemple,
à la vitesse de 10 m/s et
avec un foil ayant une corde de 25 cm
(0,25 m)
le nombre de Reynolds caractérisant l’écoulement fluide a pour
valeur :
Re = V c /
n = 10 x 0,25
/10- 6 = 2,5 10
6
La traînée est sensiblement affectée par un faible nombre de Reynolds.
L'écoulement, laminaire à basse vitesse devient turbulent lorsque la vitesse
et le nombre de Reynolds augmente. Lorsque l'écoulement est laminaire
les particules de fluide ont un écoulement régulier, par contre en écoulement
turbulent elles sont animées d'un mouvement tourbillonnaire.
Nota L'avance technologique du domaine aéronautique par rapport
aux techniques utilisées dans la navigation de plaisance est importante.
Le fait qu'une embarcation navigue à la limite entre l'air et l'eau complique
ce transfert technologique.
Dans le domaine aéronautique les bancs d'essais permettent de trouver
les performances d'un profil donné lorsqu'il est utilisé dans l'air et
pour des nombres de REYNOLDS habituellement relativement élevés.
Pour profiter de ces essais il convient d'extrapoler de l'air à l'eau
en tenant compte de la différence de viscosité cinématique et de densité
entre les 2 fluides.
Par définition, à la température de 20°C, l'eau à une viscosité
cinématique de 1 centistoke (ou 10-6 m²/s) alors
que celle de l'air à la même température est de 1,5 10-5
m²/s).
ll convient aussi de tenir compte de la différence de densité (l'eau est
770 fois plus dense que l'air)
Pour un même nombre de REYNOLDS, le mouvement des particules étant comparable
qu'il s'agisse de l'eau ou l'air il est raisonnable de penser que les
performances d'un profil donné seront équivalentes avec les 2 fluides.
3)
Les efforts

Contrairement à ce que l’on pourrait penser l’effort de poussée fourni
par le foil est plus dû à la
dépression sur l’extrados qu’à la surpression sur l’intrados. On estime
que, selon le type de profil, l'intrados fournit seulement 25 à 30% de
l'effort de poussée global.
La courbe des dépressions sur l ‘extrados
est très influencée par l’incidence et l’épaisseur relative du foil.
La courbe en pointillée montre ce que pourrait être la dépression le long
de l’extrados pour un foil plus mince que celui représenté sur la figure
et avec la même incidence.
Pour une vitesse d'écoulement de l'ordre de 15 m/s (soit environ 30 noeuds)
les valeurs de dépression maximum sur l'extrados d'une voile sont environ
100 fois plus faibles que celles mesurées à la même vitesse sur
le profil ci-dessus avec de l'eau (0,001 bar contre 0,15 bar). Cette différence
s'explique par la différence de viscosité et de densité entre les 2 fluides
et une différence entre les 2 écoulements (dans l'air l'écoulement est
turbulent alors qu'il est plutôt linéaire dans l'eau au moins pour des
incidences raisonnables)
Les efforts des foils sont de 2
natures la portance et la traînée
La
portance
FL = ½
r S V² CLl
avec CLl
= k CL¥
La
traînée
FD = ½
r S V² CD
avec :
r
densité de l’eau
soit 1000 kg/m3
V
vitesse en
m/s
CLl
coefficient de portance tenant
compte des effets d’extrémité
S surface du
foil en m²
CD
Coefficient de traînée
du foil
Exemple
à 10 m/s un foil ayant :
- Une surface S
de
0,5 m²
- Un élancement
l
de 4
entraînant un coefficient de portance
CLl
de 0,3
- Un coefficient de traînée
CD
de 0,008
fournira :
un effort de portance de
FL = ½ 1000 x 0,5 x 10² x 0,3 = 7500
N soit 750 daN
et aura une traînée de
FD = ½ 1000 x 0,5 x 10² x 0,008 = 200 N soit 20 daN
ce qui représente dans le cas présent un excellent
rendement.
Plaque plane
D'après Inge L.RYHMING (voir dynamique des fluides de la presse polytechnique
Romande de l'école de Lausanne édition 1984 p.165 à 171)
la force normale FN
agissant sur une surface plane de longueur L=4a et
de largeur égale à l'unité et en négligeant les effets d'extrémité
est égale à :
FN
= 4p a
r v2
sina cosa
a
étant l'incidence
Cet effort n’est pas
ridicule si on le compare à celui des profils élaborés ci-dessus.
(ski nautique et pourquoi pas ski de neige!)
4)
La polaire du foil
La polaire du foil est une courbe importante qui quantifie les performances
du foil, a savoir le rapport entre sa portance (lift) et sa traînée(drag),
lorsque son incidence varie.
La polaire est tracée pour un nombre de REYNOLDS donné car les performances
du foil varient sensiblement avec la vitesse de l'écoulement.
Au point 1 la portance est nulle indépendamment de la vitesse.
C’est au point 2 que le foil à les meilleures performances. CL/CD
maximum
Le rapport CL / CD traduit la finesse du foil
Au delà d’une certaine incidence (point 3) les performances se dégradent
brutalement, on dit que le foil ''décroche''.
Le foil symétrique est plus simple de construction mais n’a pas
des performances aussi bonnes que les foils cambrés
(courbe en pointillée)
5)
Les perturbations
51 Les effets d'extrémité du foil

La formule de Von MISES met en évidence
un coefficient de portance tenant compte des effets d’extrémité et de
l'élancement
l
du foil.
Ce coefficient k =1/( 1 + 2/l ) diminue
avec
l et
permet de mettre en évidence un coefficient de portance plus proche de
la réalité égal à
CL
l =
k CL
¥
soit CL
l = CL
¥ /( 1 + 2/l )
La courbe ci-contre montre comment évolue la portance en fonction de l’élancement
l
du foil.(exemple un foil ayant un
élancement de 3 pert environ 40% par rapport à son efficacité théorique)
Nota Lorsque la vitesse
augmente les foils de la 1ère génération sont de moins en moins
immergés et ont un rendement allant en se dégradant. De plus avec ces
foils l’air ambiant à tendance à s’infiltrer le long de l’extrados en
dépression ce qui augmente les risques de cavitation du foil
(il est rajouté des petits volets // à l'écoulement appelés ''fences''
qui limitent les entrées d’air) .
Ils présentent l'avantage de s'asservir automatiquement en hauteur.
Les voiles comme les foils ont un meilleur rendement lorsque leur allongement
augmente.

Foil principal du type 1ère
génération (catamaran de Techniques
avancées).
La partie verticale permet de résister aux efforts de dérives et donne
de la stabilité directionnelle.
On remarque que les ''fences" ne sont pas nécessaires sur
la face du foil en surpression (intrados)
Foil arrière 2ème génération du speed
fun
Le foil est monté à l'extrémité
du safran. Il est parfois prévu des
"fences" sur le plan
vertical.
Le bulbe améliore la rigidité mais provoque une traînée supplémentaire
52 La cavitation

Le
s
de cavitation est un paramètre important dont la signification est développée
dans le livre de Yves LECOFFRE .
Il
est caractérisé par la formule
s =
(p amont - pV ) /
½
r V²
avec
pamont
Pression en amont du foil (
1 bar = 105 pascal)
pV
Tension de vapeur de
l'eau
2500 Pascal à 20 °c
5000 Pascal à 30°c
r
Densité de l'eau
(1000 kg/m3)
soit à 30°C
s = (105
- 5000 ) / ½ 1000 V²
et
s = 190 / V²
La formule visualisée par la
courbe ci-dessus caractérise la vitesse limite pouvant être obtenue.
Il y a cavitation
si
Cpmin
est plus important que le
s
de cavitation
Courbes montrant l’évolution du
Cp mini
en fonction de l’incidence du foil.
Courbe 1
On dispose d’une plus grande plage d’incidence avant que le foil ne cavite
avec les foils ayant une épaisseur relative importante.
Courbe 3
Un foil mince est plus ‘’pointu’’. Il va certes avoir de meilleures performances
à faible incidence mais sur une plage d'incidence très réduite.
Il va
''décrocher'' plus vite et ne supporter qu’une petite variation d’incidence.
Il est préférable pour éviter
la cavitation et ses conséquences (perte de rendement et bruits) de prévoir
des foils ayant une épaisseur relative suffisante.
Il a été constaté des niveaux sonores à l'intérieur des coques extrêmement
importants (supérieurs à 110 db), lors de la dernière course transatlantique
the Race. L'origine de ces bruits peut s'expliquer par une cavitation
des foils retransmettant à la coque des vibrations haute fréquence. Le
niveau sonore important et extrêmement désagréable, presque métallique,
d'une pompe hydraulique qui cavite donne une idée de ce qu'on dû supporter
pendant plusieurs mois les équipages engagés dans cette course.
L’important si l’on souhaite allez vite est donc de diminuer autant que
faire se peut la pression spécifique sur les foils en utilisant des foils
de grande surface ceci afin de diminuer le Cp
min
Exemple:
avec un
s
de cavitation de 0,2 bar, la vitesse limite est voisine de 30 m/s
La courbe ci-contre donne une vision d'ensemble du comportement d'un
foil 2ème génération utilisé dans le contexte d'un flotteur
oscillant auto adaptatif
1) à basse vitesse le rendement du foil est affecté
par un NB de Reynolds peu élevé et le mauvais Cl/Cd à grande
incidence. La traînée augmente notablement.
Un effort de propulsion assez important est donc nécessaire au
démarrage.
2) lorsque la vitesse augmente l'incidence diminue et le rendement
s'améliore considérablement . Lorsque l' incidence devient
négative la trainée augmente à nouveau et la poussée s'inverse ,
ce qui explique pourquoi le
flotteur oscillant auto adaptatif est
naturellement stable.
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De
la théorie à la pratique

Un peu d’histoire
**
D'après Mr Didier COSTES
le plus réussi des dériveurs monoplace à foils a été le petit MAYFLY
de 4m,
qui, en 1977 avec une voile de 10m² et un gréement standard, atteignait
22 noeuds (40 km/h) par vent modéré, et ceci avec une maniabilité et
une aisance déconcertante.
La surface des foils semble assez
réduite sur la photo du MAYFLY en action.
La mise en forme de ces foils a nécessité des années d'études et plusieurs
centaines d'heures d'essais.
BIBLIOGRAPHIE
Mécanique appliquée
de
R. OUZIAUX et J. PERRIER éditeur
DUNOD
Tome 1
Pages
257 à 295
Dynamique des Fluides de INGE
L. RYHMING éditeur
presses polytechniques Romandes.
Pages
164 à 170
Théory of wing sections by IRA H.
ABBOTT et E. VON DOENHOFF
r
ecueil de profils NACA
16-012, 664-021,
66-009, mean line
serie 66, 662-215,
663-218, 663-418,
664-221
Mécanique expérimentale des fluides
Tome 2 de R. COMOLET
éditeur MASSON
Pages 265 à 279
Engineering fluid mechanics
de ROBERSON and CROWE
5ème édition
Pages 502 et
518 à 525
Computational Fluid dynamics de John F. WENDT
5ème édition
Page 71
Le nouveau cours de navigation des
Glénans édition du
SEUIL 1995
5 ème édition
page 209 polaire d'une voile
Dynamique du navire de P. DEVAUCHELLE
éditeur MASSON
Pages 92 et
93
Fundamental of fluid mechanics
de Bruce R.Munson
Pages 618
et 619
Introduction to fluid mechanics de Robert W. FOX
4 ème édition.
Pages 448 à 455
Extrait de livres traitants
de la cavitation
Essais expérimentaux avec profil NACA 16-012
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