Introduction
Les Esquimaux du Groenland ont pratiqué l’esquimautage pendant
plusieurs centaines d’années avec leur kayak en peau de phoque. A cette époque
les vêtements iso thermiques en néoprène n’existaient pas et c’est la notion de
survie qui a contraint les Inuits à chercher et à trouver les mouvements
corporels leur permettant de remettre leur kayak à l’endroit ainsi que des
méthodes de sauvetage afin de ne pas périr dans les eaux glacés de l’antarctique.
Ils étaient à ce point intégrés à leur embarcation de chasse qu’ils leur
étaient pratiquement impossible d’en sortir tellement l’hiloire de leur kayak était
petite, n’y d’ailleurs d’y rentrer sinon en se contorsionnant. On plaisante
même à ce sujet en mentionnant des genoux se repliant vers l’avant ! Mais
est-ce vraiment une plaisanterie ?
L’esquimautage
en canoë, plus difficile à réaliser qu’en kayak n’est apparu que beaucoup plus
tard.
Il faut dire que les conséquences d’un bain dans les rivières canadiennes avec
un canoë en écorce de bouleau de l’époque n’étaient pas aussi dramatiques, le
risque était plus pour le matériel transporté que pour l’équipage qui
rejoignait la berge sans trop de dommage. Cette technique a été totalement
ignoré par les indiens du Canada et c’est seulement en 1957 aux championnats du
Monde de slalom à Augsbourg que, pour la première fois dans l’histoire du
canoë, un équipage C2 hommes esquimautait pendant une épreuve
internationale. Modeste, Pierre Thivans à qui l’on demandait comment il avait
pu réaliser un tel exploit avec son frère répondit : il suffisait d’y
penser et d’essayer pour réussir !
Et c’est vrai ! Il faut dire que l’évolution de la forme des canoës
avec bordé arrondi rendu possible par la construction plastique a grandement
facilité la rotation du canoë et le redressement de celui-ci. ‘’Les indiens de la province
québécoise du Weymontaching <<
endroit où l’on voit loin>> n’ont
pas imaginés qu’ils leur étaient possible d’esquimauter leur canoë en écorce
pour sauver la cargaison, tout au plus ont-ils pensez à adjoindre un pontage en
toile pour la protéger. Il est pourtant facile pour l’équipier arrière d’un
C2 d’esquimauter un lourd canoë biplace ouvert ponté lorsque l’équipière avant abandonne
le domicile conjugal. Cela leur aurait permis de sauver quelques cargaisons. La
pratique de l’esquimautage demande de la précision dans les mouvements
corporels car l’esquimautage est pour finir assez technique.
Cette dernière une fois acquise, il faut effectivement peu de force pour
esquimauter. L’esquimautage en kayak ou en canoë, quelque soit la méthode
utilisée, est basé sur deux mouvements qui s’effectuent conjointement :
l’appui latéral ou en balayage d’une part, le mouvement de rotation des hanches
d’autre part. Lors de ce mouvement les calages, trop souvent oubliés par les
constructeurs, sont indispensables pour transmettre le couple de redressement à
l’embarcation. Une autre considération a aussi de importance pour l’esquimauteur,
elle concerne la position de sa main basse proche de la pale active, c’est à
dire de la pale prenant appui sur l’eau pendant le mouvement d’esquimautage. Nous
commencerons par cette dernière considération.
1) Position
de la main tenant le collet
La main basse tenant le collet de la pagaie, celle proche
de la pale active, peut être positionnée de deux façons au début du mouvement
de redressement. Soit en position inversée (supination*), soit en position non
inversée (pronation**), correspondant à la position naturelle de la main lors
de la propulsion. Le choix est important pour l’esquimauteur selon qu’il
souhaite obtenir un effort important au début ou à la fin du mouvement de
redressement.
(Photos vue de dessus de la main active pour un semi esquimautage coté droit,
l’esquimauteur étant dans la position 3 de la page lors du mouvement de préparation kayak à
l’endroit)
Main basse non inversée
L’esquimautage est plus puissant au
début du mouvement de redressement au détriment de la fin qui peut manquer de
puissance et entraîner une rechute si le
mouvement de rotation des hanches n’a pas été parfaitement réussi. Pour cette
raison, certains esquimauteurs expérimentés, lorsqu’ils démarrent dans cette
position inversent leur main en fin de mouvement afin d’améliorer la qualité de
l’appui et finir en poussée. (voir page du CD)
Main
basse inversée
La position demande un peu de souplesse dans l’articulation car le poignet est
retourné en essayant de mettre la paume de la main vers le haut. Avec cette
position du poignet l’esquimautage moins puissant au début du mouvement
retrouve toute sa force en fin de redressement en raison de la qualité de
l’appui en suspension.
*Paume vers le haut (supination). **Paume vers le bas (pronation).
2) La rotation des
hanches
Afin de remettre l’embarcation à l’endroit toutes les techniques de redressement
combinent une forme ou une autre d'appui sur l'eau à l'aide de la pagaie avec
un mouvement de "rotation des
hanches".
C’est de dernier mouvement qui doit être assimilé en premier par le débutant.
Ces deux mouvements sont effectués conjointement lors du redressement,
cependant, il peut être avantageux d’essayez
de piger celui-ci indépendamment de l’appui avec une aide extérieure ou
éventuellement sans aide extérieure avec une planchette dans chaque main.
1)
Sans pagaie en s’appuyant ses mains sur
la pointe d’un kayak partenaire :
Placez les deux mains sur la pointe avant
du kayak de votre partenaire et renversez le kayak autant que votre corps vous
le permet. Votre tête devrait à présent être appuyée sur vos mains et votre
oreille gauche très proche de votre épaule gauche.
Votre flan gauche sera très près (s'il ne le touche pas) du bord de l'hiloire.
Faite travailler vos abdominaux afin de maintenir votre bateau à angle droit
par rapport à celui de votre partenaire, faute de quoi le bateau s'échappe. Assurez-vous
de maintenir ces muscles serrés afin de ne pas être penché sur l'arrière et de
ne pas stresser votre épaule droite.
La
rotation des hanches s'effectue en un mouvement rapide et puissant. Votre genou
droit vient appuyer fermement vers le haut du kayak tandis que votre fesse
gauche appuie sur le siège. Les muscles de votre tronc ainsi que les genoux,
qui contrôlent la gîte du bateau, jouent un rôle central dans le mouvement.
Etant retourné, on peut visualiser mentalement ses genoux: le genoux droit (du corps) est à gauche (du bateau
retourné). La rotation des hanches va consister sans bouger le haut du corps,
à rétablir la position normale (genou droit à droite...)
en un mouvement circulaire de la taille et des jambes.
Laissez votre tête posée sur vos mains pendant que vous remettez le kayak à
l'endroit, jusqu'à ce que le kayak en rotation ne vous force à la décoller.
L'angle que forme le corps avec le bateau n'est pas forcément un angle droit:
suivant votre morphologie, vous allez vous sentir plus à l'aise en étant penché
sur l'arrière, ou à l'inverse, penché sur l'avant. Cette nouvelle position est
de plus favorable à un bon mouvement des hanches, car l’énergie dont vous aurez
besoin pour vous redresser est plus faible que si votre corps était perpendiculaire
au bateau. Pour réduire encore cette énergie, votre tête passe de votre épaule
gauche à votre épaule droite à la fin du mouvement de redressement.
Mais
attention vous ne devez en aucun cas sortir le corps de l'eau ce qui aurait
pour effet d’enfoncer la pointe du kayak sur lequel vos mains prennent appui.
L'instinct naturel est de hisser la tête hors de l'eau afin de respirer, mais
vous devez aller contre cet instinct pour réussir la rotation des hanches et
finalement, esquimauter. Pour cette raison, n’hésiter à enrouler votre corps
autour du bateau et à vous pencher fortement sur l'arrière, voir carrément
finir avec la tête sur le pont arrière car c'est ainsi que vous effectuerez
Plus vous pratiquerez, meilleur vous deviendrez. Souvenez-vous: l'ensemble du
mouvement ne devrait pas demander beaucoup d'efforts. Ce
qu’il ne faut pas faire
Même en eaux plates, il est préférable de bien assimiler ce mouvement avant d’essayer
d’esquimauter seul avec sa pagaie. En eaux agités ce mouvement est très
important car la qualité de l'appui n’est pas toujours aussi bonne, eau
émulsionnée, courant, hauteur d'eau, orientation de la pagaie, alors que la
qualité de la rotation des hanches est quant à elle pratiquement indépendante
des éléments extérieurs. D'où l'idée générale disant que plus l'esquimautage
est basé sur la rotation des hanches, plus il devient sûr.
Ce qu’il faut faire
Avec la pointe du kayak comme point
d’appui, laissez votre tête descendre plus profondément sous l'eau pour
finalement n'avoir plus que la main droite en appui. Tendez l’autre main vers
le haut tout en remontant votre corps pour diminuer l’appui sur le kayak.
2) Sans aide extérieure avec des planchettes aux mains
Il
est aussi possible d’utiliser deux petites planchettes fixées sur chacune de
vos deux mains par des sangles.
Cette façon de procéder permet d'isoler la rotation des hanches et oblige le
débutant à bien assimiler ce mouvement. Elle est aussi une bonne introduction
pour apprendre à esquimauter avec les mains.
Il est préférable d’utiliser ces accessoires avant d'esquimauter avec la
pagaie.
3) Avec sa pagaie et une aide extérieure
Faites au moins un des essais préliminaires ci-dessus avant d’utiliser votre
pagaie. Dans un premier temps, faite vous alors à nouveau aidez par votre partenaire
qui peut soulager votre pale pour éviter qu’elle ne s’enfonce ou mettez cette
dernière en appui sur son kayak. Refaite les mêmes mouvements que précédemment.
Quelque soit la méthode, ne JAMAIS
soulever sa tête en essayant de hisser votre corps en commençant le mouvement,
en faisant cela on appuie trop sur la pointe du kayak, on force inutilement sur
ses bras, son épaule droite et les muscles de votre tronc pour tenter de redresser
le kayak.
En pratique, en devenant performant dans la rotation des hanches on exerce moins
de pression sur la pointe du kayak, on peut se redresser avec seulement
quelques doigts en appui sur le kayak, on réduit l’effort sur la pale et l’on
peut utiliser des planchettes plus petites.
4) Avec les mains
Une bonne compréhension du mouvement de rotation des hanches est
indispensable pour esquimauter uniquement avec vos mains. Dans l'illustration
ci-dessous, la rotation des hanches est très importante car il s'agit
d'impulser au bateau suffisamment d'énergie pour soulever le corps lorsqu'il
coupera la surface.
La main supérieure est souvent jetée par-dessus le kayak pour augmenter le
couple de redressement.
Comme pour les esquimautages avec pagaie, le redressement peut s'effectuer
penché sur l'arrière ou sur l'avant.
La capacité à esquimauter avec les mains est plus qu'un simple jeu.
En kayak polo, les joueurs perdent souvent leur pagaie, et même sur les
rivières les plus sauvages, un esquimautage avec les mains pourra vous sauver
la mise ou vous aider à récupérer une pagaie perdue.
L'entraînement à l'esquimautage avec les mains doit être progressif, avec de
moins en moins de support de flottaison. Pour commencer utilisez une planche de
piscine voir un bout de polystyrène, puis des planchettes fixés sur les mains
avec une sangle avant d’espéré réussir uniquement avec les mains.
Les
différentes phases de l’esquimautage
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'esquimautage avec les mains n’est
pas beaucoup plus difficile que l'esquimautage avec une pagaie. Posséder un
esquimautage à la main donne confiance et est très plaisant.
L'idée de perdre sa pagaie et de chavirer n'est plus si effrayante. On est
rarement appelé à l'exécuter mais il est bon de savoir le faire ne serait-ce
que pour la paix de l'esprit qui en résulte.
N'avez-vous jamais eu de cauchemar où vous étiez retourné avec une pagaie
cassée dans les mains ?
La bonne nouvelle est que l'esquimautage avec les mains est le plus rapide des
esquimautages. Boum, c'est fait.
La mauvaise nouvelle, c'est qu'il faut y mettre les formes, aucun relâchement
n'est autorisé, et que ceux d'entre vous qui ne sont pas franchement souples
pourraient rencontrer quelques difficultés.
Comme pour tous les esquimautages, il est utile de savoir le démarrer de
n'importe quelle position et d'avoir plusieurs options à disposition. Ainsi, il
est utile de savoir l'exécuter des deux côtés, en demi esquimautage ou en tour
complet. La description qui suit concerne deux modes différents: démarrer sur
l'arrière en finissant soit sur l'arrière soit sur l'avant.
Mise en place
Comme pour tous les types d'esquimautage, la position de
départ est importante, et l'objectif de la préparation est de positionner votre
corps le plus près possible de la surface, dans une position où la rotation des
hanches permettra à la force de flottaison du bateau de vous tirer hors de
l'eau. Par petits mouvements rapides avec vos mains ( ‘’en faisant le
chien" ) remonter votre corps le plus près possible de la surface. Dès que
vous y êtes, commencez le mouvement:
Rotation des hanches
Comme d'habitude, cette phase est vitale, mais cette fois
vous ne disposez pas de la pagaie pour vous appuyer, ce qui signifie que le
succès de votre esquimautage dépend davantage de la rotation des hanches qu'en
temps normal.
Contre poids
La
plupart des esquimautages se terminent par un appui quelconque, où le pagayeur
a le privilège d'utiliser la pagaie pour finir le mouvement si sa rotation des
hanches n'a été efficace qu'à 70%. Il et impossible de faire un appui efficace avec
les mains, il faut un autre moyen de finir le mouvement. Pour remplacer
l'appui, il sera très important de placer une partie du corps en travers du
bateau assez tôt dans le mouvement, afin de créer un contre poids. Plutôt que d’essayer
de se redresser rapidement en position assise normale (un luxe que l'on peut se
permettre avec une pagaie), il faut s’efforcer d'esquimauter de manière à finir
penché sur l'avant ou sur l'arrière avant de se redresser de telle sorte que le
haut du corps reste immergé le plus longtemps possible afin que l’embarcation
s’enfonce moins lors du mouvement de rotation des hanches.
Démarrage avant
finissant sur l'arrière
Premier battement: est effectué avec la main qui est à la surface et sert
essentiellement à amener l'autre main à la surface. N'essayez surtout pas
d'utiliser ce premier battement pour extraire votre tête hors de l'eau, c’est
elle qui doit sortir en dernier. La main supérieure s’enfonce tandis que
l'autre cherche la surface, toujours en travers du torse. A la fin de ce
premier mouvement, la main supérieure assez basse sur le torse, avec l'épaule
près de la surface, et l'autre main, à la surface en travers du torse.
Enchaînez directement avec le deuxième battement en appuyant énergiquement sur
l'eau avec votre main inférieure et utilisez cet appui pour effectuer la
rotation des hanches en jetant votre main supérieure, coude en premier, en
travers du pont arrière (le contre poids). Sortez votre tête en dernier penché
au maximum sur le pont arrière.
Balayage: balayez agressivement la
surface avec votre corps, d'arrière en avant en utilisant vos abdominaux.
Lorsque votre corps passe environ à la perpendiculaire du bateau, vous
constaterez qu'il semble naturel d'effectuer la rotation des hanches de manière
à continuer le balayage vers l'avant, toujours en regardant vers le bas. Continuez
le balayage jusqu'au bout pour finir penché sur l'avant. Arrivé presque en bout
de course, jetez le bras côté bateau à travers le pont avant, pour acquérir
plus de stabilité. N'essayez pas de sortir la tête de l'eau avant que le bras
ne forme le contrepoids.
Plaquettes
Si vous avez accès à des plaquettes pour les mains,
profitez-en pour vous entraînez plus facilement à placer votre corps et votre
rotation des hanches. Ces accessoires peuvent être utilisés par les
débutants avant d'esquimauter avec la
pagaie. Cela leur permet réellement d'isoler la rotation des hanches et de
clarifier ce qu'il faut faire avec son corps pour que cette technique
d'esquimautage fonctionne.
Aux frontières de l'équilibre
A partir de la position assise, penchez-vous sur le coté et
expérimentez jusqu'à quel point vous pouvez mettre la tête dans l'eau. Comparez
ce qu'il se passe lorsque votre bras côté eau se trouve dans l'eau et ce qu'il
se passe quand vous voulez le soulever. En même temps, cherchez comment placer
votre bras côté bateau pour obtenir un contre poids efficace. Pour aller plus
loin, jouez à balayer de cette position vers une position sur l'avant.
3) L’appui
La pale de la pagaie prenant appui sur
l’eau pendant l’equimautage agit différemment suivant les méthodes
d’esquimautage. Selon les méthodes on déplace latéralement la pale active ou
non.
Dans ce dernier cas la pale a tendance à s’enfoncer pendant l’esquimautage,
dans le premier cas elle reste sensiblement à la surface.
L’appui
sans déplacement latéral
L’appui classique se situe dans un plan
vertical. C’est la méthode privilégiée pour le débutant car les mouvements
d’incidence ne sont pas toujours faciles à assimiler, particulièrement avec les
pales type cuillère. Le principal désavantage de cet appui est qu’il
s'amoindrit rapidement lorsque la pale commence à s'enfoncer. La méthode
latérale qui utilise ce type d’appui n’en souffre pas trop car la puissance de
la méthode latérale en début de mouvement* est telle que la pagaie n’a guère le
temps de s’enfoncer.
L’appui
avec déplacement latéral
Dans les techniques à balayage, l'appui
sur l'eau est obtenu par balayage de la pale active à la surface de l'eau qui
parcourt un arc de cercle dans le plan horizontal sans mouvement vers le fond a
priori.
Ce type d'appui jouit d’une caractéristique intéressante dans la mesure ou
le balayage procure en général un appui plus long (en termes de durée) qu'un
appui classique situé dans un plan vertical comme cela est la cas avec la
méthode latérale ou l’appui s'amoindrit rapidement lorsque la pale commence à
s'enfoncer. Le balayage s’effectue de l'avant vers l'arrière (méthode Pawlata)
ou de l’arrière vers l’avant (Méthode Steyr). Il s’utilise parfois dans les
méthodes centrales avec un mouvement de balayage s’inversant en fin de course
(allant vers l’arrière après avoir été vers l’avant ou inversement) ce qui
favorise le rétablissement du bateau en prolongeant l’appui.
L’utilisation de pales plates peut favoriser ces mouvements lors du changement
d’incidence de la pale.
4 Les différentes méthodes
d’esquimautage
41 En kayak
La méthode latérale aussi appelée "en
guitare".
Dans ce style d'esquimautage, l'appui est
produit par un mouvement vertical de la pale, plus précisément un mouvement
situé dans le plan vertical et perpendiculaire à l'axe du kayak
(le plan médiateur des pointes), de façon similaire aux traditionnels appuis en
poussée ou en suspension.
A titre informatif, sachez qu'il existe aussi des esquimautages utilisant un
mouvement de pale situé dans le plan vertical et parallèle à l'axe du bateau.
L'esquimautage latéral est un
esquimautage assez répandu en France et encore assez souvent enseigné aux
débutants. On peut le critiquer de multiples manières:
Un
bon esquimautage en kayak est d’abord un mouvement de rotation du buste avant
d’être un appui et un mouvement de bras. Les bras agissent seulement pour le
maintien de la pale de la pagaie le long du corps et pour le redressement final
de celui-ci.
Le principe d’un bon esquimautage est de retourner le bateau avec les reins et
non de remonter le corps avec la pagaie.
Vérifiez que votre jupette est
bien positionnée sur l’hiloire, prenez une bonne goulée d’air, arque boutez
vous raisonnablement sur vos cales pieds avant de vous laissez allez du coté
opposé à votre pagaie en vous enroulant autour du kayak et ceci sans
modifier la position de vos bras.
Lorsque la pale entre en contact avec la surface de l’eau et que le kayak est
complètement retourné vos bras doivent être dans la position de départ 3
de l’esquimautage, la pale non active entre vos bras et bien à plat sur votre
poitrine, l’autre pale est alors à plat à la surface de l’eau si l’on utilise une
pagaie double croisée à 90° ce qui facilite le mouvement.
Vue de l’avant
Une fois retourné, Pas de panique, prenez votre temps avant
de déclencher vos premiers essais. Rappelez-vous : le principe est de
retourner le bateau avec les reins et non de remonter le corps avec la pagaie.
Décroiser vos bras avec force en vous assurant que votre tête reste le plus
près possible de la surface de l’eau en fin d’esquimautage.
Cette dernière joue un rôle important dans le mouvement de rotation et bascule
de l’épaule gauche à l’épaule droite pendant le mouvement. Profitez d’un
avantage intéressant de
l’esquimautage latéral en prenant l’habitude de bien enrouler votre bras droit
autour de votre
tête pour la protéger, lorsque vous êtes retourné.
Cela ne gène en aucune manière le mouvement de redressement.
La fin du mouvement d'esquimautage est relativement aisée pour deux raisons:
d'une part la pagaie fournit un appui très solide et d'autre part, le geste est
très proche
de celui effectué lorsque l'on s'entraîne à la rotation des hanches sur le bord
de la piscine. Il suffit de considérer la main droite comme étant posée sur le
bord de la piscine (ou la pointe d'un kayak), et le tour est joué.
La main gauche maintient fermement la pale pour l'empêcher de plonger et créer
le levier.
Après avoir assimilé le semi esquimautage des deux cotés, apprendre à faire le
tour complet en changeant la position de vos mains sur le manche de la pagaie
double seulement lorsque le kayak est retourné.
Faite des essais avec la main proche de la pale active en position inversée
puis non inversée, comparer le résultat.
De nombreuses autres méthodes ne nécessitent pas de changer la position des
mains sur la pagaie double.
Elles sont moins puissantes le bras de levier étant plus faible et le visage
est souvent moins bien protégé par les bras pendant l’esquimautage.
Malgré ses défauts, l’esquimautage
latéral est la plus sûre en rivière sportive pour le pagayeur débutant.*
Pour plus de sécurité, iI faut de préférence apprendre à le pratiquer des deux cotés
car la présence de rochers peut gêner le positionnement de la pagaie qui prend
plus de place. L’esquimautage est plus facile coté aval, le corps sous l’eau
étant poussé du bon coté. Malheureusement, l’embarcation se positionne d’une
façon aléatoire après le chavirage et il faudra esquimauter du coté le plus
difficile, c’est à dire du coté aval
lorsque le niveau d’eau est faible pour éviter d’endommager ou de perdre sa
pagaie.
La méthode Pawlata
L'esquimautage Pawlata est historiquement
l'un des premiers esquimautages.
Aujourd'hui peu pratiqué, il peut constituer une étape lors de l'apprentissage.
Il se rapproche du plus utilisé des esquimautages : l'esquimautage
central.
Il est plus simple à réaliser que ce dernier car le grand bras de levier créé
par le décalage des mains sur la pagaie double permet d'être plus approximatif
lors de la rotation des hanches ou du redressement. L'objectif, cependant, doit
être de passer à l'esquimautage central dès que celui-ci est maîtrisé.
Lors d’un semi esquimautage les phases
sont les suivantes :
Le
pagayeur est penché en avant et légèrement tourné du côté où il va dessaler. Un
droitier va normalement dessaler à gauche et vice versa.
La main qui contrôle est celle de devant, placée au milieu du manche.
La main arrière tient le bout de la pale arrière, le pouce vers le bas et les
doigts recourbés à l'extrémité de la pale. Comme pour toutes les méthodes, la
position de départ doit être bien comprise avant le retournement, le pagayeur
est tourné vers la pagaie et courbé vers l’avant du bateau, la pagaie est
parallèle au bateau. Les bras sont fermement plaqués sur le côté du kayak afin
d'éviter que la pagaie ne se déplace pendant le chavirement. On dessale du coté
ou se trouve la pagaie et l’on maintient cette position jusqu'à la
stabilisation complète du bateau. On se retrouve alors dans la position de
départ qu'il faudra rechercher lors d'un esquimautage non préparé. La suite du
mouvement consiste à effectuer un balayage circulaire avec la pale active à
plat à la surface de l'eau, tout en procédant à la rotation des hanches.
Une erreur très fréquente consiste à
tirer sur la pagaie vers le bas avec le bras avant pour obtenir un appui, au
lieu de balayer la surface. Ceci arrive souvent parce que la main arrière n'est
pas placée suffisamment "haut" et ne permet pas à la pale arrière de
passer au dessus du bateau lors de la rotation et reste bloquée.
La rotation des hanches lors d'un esquimautage Pawlata possède une
particularité par rapport à celle apprise sur le bord de la piscine ou à la
pointe d'un kayak. Pendant le déroulement de l'esquimautage, le corps doit
passer d'une position regardant vers la surface à une position regardant vers
le bas.
Ainsi, les hanches et le haut du corps tournent de la même façon dans un
mouvement circulaire de rotation du corps propice à la rotation du bateau. Cette
caractéristique que l'on retrouve dans le central est essentielle et apporte un
"plus" par rapport à un esquimautage avec appui sans rotation de la
taille. C'est également cette rotation du corps qui permet à la pagaie
d'effectuer le large balayage à la surface de l'eau.
Une fois que l'esquimautage Pawlata est maîtrisé, on peut passer au central sans rencontrer beaucoup de difficultés.
La méthode centrale
C'est l'esquimautage le plus répandu et sous bien des
aspects, le plus sûr car la position des mains sur la pagaie n’est pas modifiée
ce qui présente l’avantage de se retrouver immédiatement en position favorable
à la propulsion dès la fin du retournement.
Balayage
Gardez votre tête près de la surface quand elle accompagne le balayage de
votre corps et de votre pagaie qui s'éloigne en un arc de cercle sur le côté du
kayak. Gardez votre coude gauche près du corps de manière à ce que votre pale
droite reste proche de la surface de l'eau. Si vous tendez votre bras gauche,
la pale s'enfoncera dans l'eau et vous perdrez le bénéfice du balayage. Il vaut
mieux commencer (et même continuer) à balayer lentement et prendre le temps de
bien "sentir" la position de la pale à la surface. La rotation des
hanches commence en même temps que le balayage.
Erreurs fréquentes:
Sortie prématurée de la tête
Il est naturel de penser en premier à sa tête: c'est grâce à elle que nous
voyons, entendons, sentons, respirons... c'est pourquoi la tendance à sortir la
tête en premier peut s'avérer être un défaut coriace, tout spécialement dans le
cas présent où nous voulons avant tout respirer. C'est probablement la raison
numéro un des esquimautages manqués. Pensez à vos premiers essais sans pagaie avec
vos mains sur la pointe d’un kayak partenaire.
Voici une autre séquence illustrant
l'esquimautage central. Comme pour l'esquimautage Pawlata, il est important de
bien dégager la pale
arrière afin qu'elle puisse passer
au-dessus du bateau: en cas de
blocage, beaucoup de personnes se
mettent à tirer sur la pagaie et
dénaturent ainsi le
mouvement. Le piège est que même avec ce faux mouvement, l'esquimautage peut
continuer à fonctionner, incitant alors à de
mauvaises habitudes. Il n'est pas rare de
retrouver quelques temps plus tard
ces mêmes personnes avec un mouvement très violent (ils tirent très fort sur la
pagaie) et une réussite aléatoire. Vous leur rendrez service en leur rappelant
que le mouvement central est un balayage à plat à la surface,
qui ne nécessite à priori que très peu de traction sur la pagaie.
La méthode Steyr
La méthode rodéo
Esquimautage rodéo (Autres dénominations:
"freestyle", "central arrière")
Avec la pale tenue normalement:
L'esquimautage rodéo a donné lieu à de chaudes discussions dans le monde de
l'eau vive.
Est-il sûr? Recommandable ? N’endommage-t-il pas les épaules ? Le visage ne
risque-t-il pas un bon ravalement de façade en eaux peu profondes? Les
détracteurs sont relativement nombreux pour un certain nombre de raisons, mais
ne laissez personne dire que ce type d'esquimautage n'est pas efficace ou
rapide, car c'est justement l'un des plus rapides qui soit. De plus, les
circonstances peuvent être telles que l'esquimautage rodéo soit le seul
esquimautage possible avec sa pagaie.
La méthode permettant d'apprendre et d'utiliser l'esquimautage rodéo n’est pas
simple. L'esquimautage rodéo n'est pas le seul moyen d'esquimauter, ni
forcément le meilleur. Il devrait être considéré comme étant un moyen d'esquimauter, notamment si vous êtes retourné et
penché sur le pont arrière. Il n'y a aucune raison de ne pas l'utiliser
correctement, mais il ne dispense pas de connaître l'esquimautage central ou en
suspension. Il n'a rien à envier aux d'autres types d'esquimautages en eaux
profondes, mais s’il est exécuté incorrectement, son utilisation peut avoir des
résultats indésirables.
Comment
l’exécuter
Si vous savez faire un esquimautage central ou en suspension. Les
ingrédients sont pratiquement identiques: vous allez prendre position,
effectuer un balayage avec la pagaie, une rotation des hanches et un
redressement avec votre tête sortant en dernier, comme pour les esquimautages
que vous connaissez déjà. La mauvaise nouvelle, c'est que les sensations lors
d'un esquimautage rodéo sont complètement différentes du central ou de la
suspension. L'esquimautage rodéo est un esquimautage à balayage avec la pale
active allant de l'arrière vers l'avant du kayak. La position de départ est
différente car au lieu de regarder la surface, le pagayeur regarde plus ou
moins le fond.
Balayage
Lorsque l’on commence le balayage de l’arrière vers l’avant du kayak on
apprécie l'effort fourni les abdominaux. Dans un esquimautage rodéo réussi les
muscles dorsaux et les épaules ne travaillent pas beaucoup pour exécuter le
mouvement de redressement. Les bras servent essentiellement à tenir la pagaie,
et non pas à effectuer le balayage en
lui-même. Répétons-le: ce mouvement est laissé aux
abdominaux. Utilisez la pale avec un angle très légèrement
ascendant pour balayer d'arrière en avant Lorsque le balayage vous aura dégagé
le corps de dessous le bateau, effectuez la rotation des hanches en cherchant à
amener le bateau sous vous. Le balayage se termine penché sur l'avant. Si vous
n'êtes pas entièrement rétabli lorsque vous arrivez sur l'avant, il vous suffit
d'inverser le balayage pour terminer comme en central.
Note à
propos du choix du côté: si votre pagaie à
un angle disons supérieur à 30°, alors il est beaucoup plus facile
d'esquimauter à droite (avec la pale droite) qu'à gauche. Cela est dû au fait
que d'une part, vous allez devoir casser énormément votre poignet pour avoir
une pale gauche "ascendante" lors du balayage et que d'autre part, la
pale droite inactive à tendance à s'enfoncer dans l'eau alors qu'il faut la
faire sortir de l'eau
Au début de la manoeuvre, il est tentant
d'étendre vos bras au-dessus de votre tête et de placer vos coudes en mauvaise
position, car après tout, cela consoliderait vos poignets et vous donnerait une
meilleure saisie de la pagaie, cela fonctionnerait, mais mettrait
votre épaule dans une position où elle n'est pas structurellement stable.
Gardez à l'esprit que cet esquimautage doit également être utilisable dans un
rouleau et si vous stressez trop votre épaule lorsqu'elle est dans cette
position, avec votre coude grosso modo derrière la tête, vous courez un très
grand risque de blessure.
Quand vous vous renversez en regardant
vers le bas, la première chose à faire est de tourner votre tête et votre torse
pour regarder du côté où vous allez sortir. Aussi rapidement que possible,
placez votre main, coude et manche de pagaie en travers de votre torse pour
vous protéger le visage d'éventuels rochers. Il vaut mieux prendre les coups
avec ces parties là qu'avec votre nez ou vos dents.
L'esquimautage rodéo est à la fois
efficace et sûr lorsqu'il est fait correctement.
42 En canoë
Les 3
considérations faites en première page concernant les deux mouvements qui
s’effectuent conjointement : à savoir l’appui latéral ou en balayage et le
mouvement de rotation des hanches sont applicables pour le canoë aussi bien que
pour le kayak, y compris les conséquences pour la phase finale du redressement
selon que l’on positionne la main proche de la pagaie simple en position
inversée ou non.
Malgré leur largeur un peu plus importante, les canoë fermés modernes équipés
de jupettes et de calages s’esquimautent aussi facilement qu’un kayak. Lors de
l’esquimautage la pagaie simple est moins gênante que la pagaie double avec sa
pale non active qui heurte parfois la carène retournée du kayak en gênant le
mouvement final. La position
sensiblement surélevée du canoéiste par rapport par rapport au kayakiste l’aide
dans le mouvement de rotation des hanches qui sont moins gênées par l’hiloire.
Les
méthodes d’esquimautage en canoë monoplace sont très comparable au kayak et nul
doute que si vous arrivez à esquimauter en kayak vous le saurez également en
canoë monoplace.
La
méthode latérale en C1
On y arrive sans trop de problème à effectuer la méthode latérale avec deux ou trois
séances de ¼ h en eaux plates. Lors de la première tentative et afin d’avoir
les bras croisés et correctement positionnés en position de départ on peut
procéder comme pour l’esquimautage latéral en kayak ci-dessus. (Positions 1 à 3)
Comme pour le kayak le principe est de retourner le bateau avec les reins et
non de remonter le corps avec la pagaie.
Position de départ
Remarquez la courbure de la colonne vertébrale avec la tète près de la
surface de l’eau. Le corps doit être penché vers l’avant et le plus possible
sur le coté,
l’avant bras tenant le manche protège le visage et la main sur le manche de la
pagaie est en position retournée ou non selon convenance personnelle (avec
peut-être une préférence pour la main retournée afin d’augmenter la puissance
en fin d’esquimautage au cas ou le mouvement de rotation du buste aurait mal
été exécuté).
La rotation des hanches
Elle est communiquée aux genoux donc au bateau grâce aux cales cuisses indispensables pour pratiquer l’esquimautage en canoë.
La fin du mouvement
Le corps est penché vers la pagaie, et la main tenant le manche est presque dans l’eau. Il n’est un effet possible de réussir un esquimautage que si l’on termine le mouvement de rotation la tête pratiquement immergée.
Nota Un canoë C2 s’esquimaute assez facilement par l’équipier arrière lorsque l’équipière
avant n’est pas à sa place habituelle.
Croquis Claudine Letellier
En complément à cette méthode latérale et comme en kayak, il existe plusieurs autres méthodes.
L’élégante méthode arrière, amusante en eau plate pour ceux qui ont le
sens de l’eau, elle est peu utilisée en rivière sportive pour des raisons de
sécurité (visage trop exposé)
La méthode inversée qui peut présenter un intérêt en C2 en
évitant à un des deux équipiers de se déborder.
On croise les bras au lieu de les décroiser pendant le mouvement d’esquimautage.
Pour comprendre cette méthode il suffit de regarder les trois croquis ci-dessus
à l’envers. Cette méthode peut être utilisé en slalom par de grands champions
pour gagner du temps mais les grands champions se retournent-ils encore ?
Les
erreurs à éviter sont les mêmes qu ‘en kayak et en eaux agitées, au milieu
d’un rapide rocheux et difficile avec de l’eau froide et trouble, l’instinct de
conservation pousse à sortir la tête au plus vite en s’opposant à la réussite
de l’esquimautage qui exige de sortir la tête en dernier. Comme en kayak, il
est donc indispensable d’acquérir les automatismes en eau plate et se dire que
:
- le port du
casque et d’un gilet de sauvetage amorti les coups,
- la méthode latérale permet de se
protéger le visage avec
efficacité ce qui limite notablement
les risques de blessure.
La réussite de l’esquimautage en rivière est à ce prix. La figure ci-dessus montre la faute du
débutant :
Essayez de sortir la tête en premier
Croquis Georges Dransart
Avec une bonne technique et comme en kayak on arrive à esquimauter avec les mains sans pagaie !
La pratique de l’esquimautage demande de la technique non de la force.
Esquimautage en canoë biplace C2
L’esquimautage d’un canoë biplace est plus difficile à
réaliser car les deux mouvements doivent
être synchronisées. En C2, le
coté de remontée est décidé une fois pour toute à l’avance, ce qui revient à
dire qu’en rivière sportive on ne choisi pas si l’on va faire un demi
esquimautage ou un esquimautage complet. ce qui signifie aussi que cela peut
rendre l’esquimautage plus difficile si par malchance il s’effectue vers
l’amont.
Les 2 équipiers étant bordés l’un à droite l’autre à gauche, il est nécessaire
que l’un des deux fasse un changement de mains.
L’équipier qui n’a pas à se déborder doit attendre le signal de départ
de son équipier avant de commencer le mouvement de redressement.
Celui qui doit le faire arrivant nécessairement
en position de départ après
son partenaire, il est donc assuré dès qu’il est prêt que son équipier l’est
aussi. C’est donc lui qui va déclencher la remontée.
Pour que son action au début de l’esquimautage soit puissante et bien ressenti
par son équipier il va, à l’occasion du changement de mains, positionner sa
main basse en position non inversée (pronation) de telle sorte que le
déclenchement du mouvement soit puissant et bien ressenti par son équipier. Ce
dernier aura pour tâche de terminer le mouvement et devra avoir de préférence
la main tenant le collet en position
retournée (supination) ceci avoir une finale efficace.
En rivière on ne choisi pas le coté ou l’on se
retourne ! Et lorsque le canoë est en travers de la rivière, il peut être difficile de mémoriser la position du
canoë une fois retourné.
Si l’esquimautage échoue suite à une tentative vers l’amont, il peut être
nécessaire de recommencez de l’autre coté en se débordant. Le lecteur aura
compris pourquoi l’esquimautage à coup sûr d’un C2 sur un rapide classe V
demande beaucoup d’expérience et d’habileté.
Pour
vos premiers essais en C1 ou en C2 en piscine ou sur une plage essayez d’abord
l’esquimautage latéral en ne faisant qu’un demi esquimautage.
1)
Laissez
vous d’abord tomber sur le coté de votre choix, La photo de droite montre le C2
se dessalant sur bâbord en vue d’un semi esquimautage coté droit les deux équipiers
ont leur mains tenant le manche de la pagaie en position non inversée. Cela n’a
pas grande importance en piscine ou les mouvements de rotation de la coque sont
mieux perçus qu’en rivière sportive.
2)
Sortez
légèrement les 2 pagaies de l’eau comme indiquée sur la figure vue de l’arrière
ci-dessus. Celui des 2 équipiers qui commence le mouvement donne le signal de
départ à son équipier qui ressent le début de rotation du canoë au niveau de
ses hanches et qui doit commencer son mouvement immédiatement.
3)
Faite le mouvement appris la page
précédente en vous rappelant que :
Le principe de l’esquimautage est de retourner le bateau avec les reins et
non de remonter le corps avec la pagaie. Remarquer comment les deux équipiers
enroulent leur corps sur l’avant du
canoë en laissant leur têtes la plus basse possible.
5 L’esquimautage en eaux vives
Vous avez pratiqué avec succès en eau
calme ou moyennement vive pendant quelque temps et vous maîtrisez plusieurs
techniques d'esquimautage aussi bien du côté gauche que du droit.
Cela vous a sûrement permis une plus grande prise de risque dans votre
navigation et cela a constitué un vecteur de progrès important. Seulement
voilà: vous dessalez de plus en plus rarement, ce qui ne favorise pas votre auto
entraînement à l'esquimautage et de surcroît, vous dessalez dans des
circonstances de plus en plus difficiles: gros rouleaux, gros trains de vagues,
eau rapide et peu profonde, etc. Sans le savoir, vous êtes peut-être à un
tournant de votre carrière de pagayeur: votre niveau de
navigation approche ou dépasse votre niveau d'esquimautage, ce qui
signifie que votre réussite à l'esquimautage devient trop aléatoire pour
pouvoir compter dessus lorsque vous en avez réellement besoin: vous savez
esquimauter dans beaucoup de situations, mais en vérité, surtout celles où vous
ne dessalez jamais !
Il n'existe pas de remède miracle face à ce genre de problème: comme nous
l'avons dit dès le début de ce document, l'esquimautage doit être pratiqué très
régulièrement et dans des situations compliquées afin que votre maîtrise de
l'exercice puisse évoluer conjointement à votre navigation et rester un outil
efficace.
La plupart des échecs sont liés à une imperfection dans la
position de départ, soit par erreur soit par l'impossibilité à l'atteindre
(courant trop fort, corps plaqué dans une mauvaise direction, pagaie bloquée
par le courant, etc);
La
sortie de l'eau, pendant laquelle le kayakiste ou le canoéiste se redresse et
stabilise définitivement le bateau peut être délicate. C'est une phase où la
rechute est possible, mais en général pas trop embêtante dans la mesure où on a
eu le temps de reprendre de l'air avant de recommencer la manoeuvre ou de
placer un appui salvateur. L'idée principale pour limiter les rechutes est de
remonter avec la tête la plus proche possible de l'axe longitudinal de
l’embarcation, c'est-à-dire penché vers l'arrière pour un mouvement se
finissant sur l'arrière ou penché vers l'avant pour les mouvements de pagaie se
finissant sur l'avant. C'est surtout la force de flottaison du bateau qui
procure 90% de l'énergie nécessaire au redressement; le reste est apporté par
l'appui.
Enfin, il est important d'être à l'aise
des deux côtés: c'est très pratique pour exploiter au maximum les circonstances
présentes au moment du dessalage (côté de dessalage, position de la pagaie,
sens du courant, etc.).
On observe qu'il est plus facile de sortir côté aval, car le corps, sous l'eau,
est naturellement poussé vers la surface côté aval et l'eau procure un meilleur
appui sur la pagaie.
Pour toutes ces raisons, on travaillera régulièrement les demi esquimautages,
où l'on sort du même côté que le dessalage et les tours complets, où l'on sort
du côté opposé au dessalage.
Etre pris de panique
De toutes les raisons qui peuvent faire échouer un
esquimautage, celle-ci est à la fois la plus insidieuse et la plus difficile à
corriger, car ici il ne s'agit pas d'un défaut technique mais de quelque chose
qui dépend de votre état mental. Esquimauter lorsque l'on n'est pas sûr de son
esquimautage est une entreprise stressante, on a une quantité d'air limitée, on
est aveugle, et l’on ne peut vraiment entendre. Une solution pour s'empêcher de
paniquer est de retrouver ses esprits, est comprendre les priorités: la
première et seule chose qui devrait nous inquiéter est de retourner le bateau. Pour réussir un esquimautage difficile, il
faut d'abord y croire...
Les rouleaux sont formés
par les rochers situés au fond de la rivière dans une zone de courant.
Le léger rappel n’est généralement pas dangereux et les rochers ne sont pas
vraiment gênant dans la mesure où ils ne défilent pas. Le risque dans un
rouleau est de se blesser en faisant un faux mouvement si l’on se trompe de
méthode d’esquimautage ou de boire une bonne tasse.
Savoir esquimauter dans un rouleau est important, car tôt ou tard on finit
dedans, et pour pouvoir en sortir du rouleau ou rester plus longtemps suivant
votre objectif, être à l'endroit est un préalable incontournable.
Sous plusieurs aspects, esquimauter dans un rouleau est plus facile qu'en eau
plate si l’on sait utiliser les forces en présence car l'eau vous aide durant
la manoeuvre. Cependant, les rouleaux forment un endroit chaotique ou la
vieille formule "préparation, balayage, rotation des hanches" ne
fonctionne pas. Un rouleau est une zone très puissante, ce qui signifie que l’on
doit être bien plus attentif à la manière dont on se positionne.
Heureusement, cette force
peut être utilisée pour faciliter l'esquimautage.
La phase la plus difficile est de s'adapter à la situation de manière à
exploiter toute cette puissance.
Maintenez
TOUJOURS vos
mains devant vous quand vous êtes dans un rouleau. Si elles doivent être
ailleurs, tournez le buste en conséquence, maintenez vos coudes bas et
resserrés, et vos mains devant vous.
Ceci est valable lorsque vous êtes à l'endroit dans un rouleau et encore plus
lorsque vous êtes à l'envers. Vous êtes donc dans le rouleau, bousculé, que
faire ? Si vous réussissez à vous positionner pour l'esquimautage côté aval
avant que vous ne dessaliez ceci vous permettra de faire simplement un appui
sur l'eau dure qui vous pousse vers la surface avec un appui en suspension,
super facile.
Mais
s'il s'agit d'un rouleau secouant, ou complètement sauvage, vous n'avez peut
être pas eu le temps de vous préparer. Que faire ? Il y a une technique qui
marche plutôt bien, mais elle demande une certaine compréhension de la forme du
rouleau. Vous êtes donc retourné, secoué comme l'épave flottante que vous êtes,
vous remarquerez que vous pouvez dire à quel moment vous touchez l'eau dure du
fond du rouleau. Dès que vous la sentez, tournez votre buste de manière à
regarder vers l'aval, c'est-à-dire dans la direction où l'eau dure s'écoule.
Utilisez votre tête: si l'eau la pousse dans une certaine direction, regardez
par là et tournez votre buste. C'est la première étape.
Suivant
la direction d'où vient l'eau dure lorsque vous êtes retourné, vous devez
réaliser un certain nombre de choses:
Elle vient
de votre gauche
Il faut dans ce cas regardez à droite (vers l'aval) grâce à une rotation au
niveau de la taille, en maintenant vos coudes en position sûre. Votre pale
gauche va être attrapée par l'eau dure et vous mettre plus ou moins bien dans
la position de fin de balayage de l'esquimautage en suspension. Utilisez
le support fourni par l'eau sur la pale pour effectuer la rotation des hanches
et finissez l'esquimautage en suspension.
Elle vient
de votre droite
Même chose que précédemment, mais de l'autre côté, (Il faut dans ce cas
regardez à gauche (vers l'aval, etc..)
Elle vient
de l’avant
Regardez vers l'aval (en d'autres termes, couchez-vous sur le pont
arrière), mais maintenez vos coudes bas et vos mains devant vous. Choisissez le
côté par lequel vous voulez remonter. Tournez votre torse dans cette direction,
ce qui va engager la pale côté opposé dans l'eau dure. La pale engagée aura
tendance à tirer vers l'aval, mais assurez-vous de ne pas laisser vos coudes
partir trop loin. Lorsque votre corps sera remonté suffisamment vers la
surface, dégagez la pale inactive puis balayez d'arrière en avant comme dans l'esquimautage
rodéo, effectuez la rotation des hanches et finissez le mouvement.
Elle vient
de l’arrière
Penchez-vous sur l'avant, choisissez votre côté puis balayez d'avant en
arrière comme dans l'esquimautage central. Gardez à
l'esprit que vous allez finir orienté vers l'aval, donc ne vous penchez pas
trop en arrière et débrouillez-vous pour ne pas vous faire attraper la pointe
arrière: ce serait reparti pour un tour.
Encore
une fois: vos mains sont solidement placées devant vous et vos coudes sont bas.
En tournant votre torse pour regarder l'aval, vous dégagez une des pales du
courant tandis que l'autre se positionne dans un flux d'eau dure qui va vous
ramener à l'endroit.
ATTENTION: si, pendant l'exécution de cette manoeuvre,
votre coude remonte, qu'il ne reste pas solidement replié devant vous, ou que
vous ne laissez pas vos mains en face du buste ou de la tête, vous êtes
susceptible de placer votre épaule sous pression dans une position où elle
n'est pas franchement solide. Gardez à l'esprit que les pagaies longues sont un
handicap pour cette manoeuvre. Les manches courts vous permettent un meilleur
contrôle des pales, facilitent la mise en place et fournissent à l'eau moins de
levier pour tirer sur vos articulations.
Quelques
réflexes de protection à méditer:
Lorsqu’il n’y a pas de rochers en aval et
suffisamment de tirant d’eau pour positionner sa pagaie en position de départ, l’esquimautage
ne pose la plupart du temps pas trop de problèmes et ceci quelque soit la
méthode à condition toutefois d’esquimauter vers l’aval. S’il y des rochers la
stratégie à employer lorsque l'on se renverse en eaux peu profondes et rapides
est d’esquimauter à l'opposé des rochers lorsque vous vous diriger vers eux
pour ne pas vous trouver coincé entre le bateau et le rocher, cela revient à
dire qu’il faut esquimauter du coté
amont, le coté le plus difficile. Il n’est pas toujours facile de juger de la
situation lorsque vous êtes encore à l'endroit car au moment de la perte d’équilibre on ne
dispose que d’une fraction de seconde pour juger de la situation. C’est
pourtant ce que vous avez pu apercevoir pendant ce court instant qui vous
permet de procéder à l’analyse de la situation ; Où sont les dangers ?
Combien de temps avez-vous ? Voici quelques idées à considérer.
Rochers
Quand vous êtes retourné dans une zone peu profonde, le
risque immédiat est en général de heurter les rochers qui défilent, avec le
corps ou la pagaie. Votre priorité première est d'esquimauter.
En esquimautant côté amont, le rocher, au moment où il passe peut vous aider à effectuer
la rotation des hanches et à vous rétablir ou vous aider en soulevant votre
pagaie si celle-ci ou votre épaule le heurte.
Par contre, si vous aviez esquimauté vers l'aval, vous auriez couru le risque
de vous prendre le rocher dans la figure, de bloquer ou de casser votre pagaie,
ou au mieux de passer par dessus celle-ci pour vous dessaler à nouveau.
Bourrelets
Si le rocher émerge de la rivière, la masse d'eau qui s'échoue sur un rocher forme une sorte de coussin protecteur (sic) du côté amont du rocher. Si par malchance votre embarcation vient heurter ce bourrelet il est préférable d’essayer de remonter côté aval car l'eau du bourrelet pousse vers la surface tandis que le courant qui arrive va résister à tous vos efforts en vous entraînant vers le fond. Il est souvent préférable de se servir d’une seule main prenant appui sur le rocher pour retourner son embarcation en gardant la pagaie dans l'autre main ceci en prenant garde de finir le mouvement de retournement en gîtant vers le rocher, faute de quoi le courant amont va monter sur le bateau et vous êtes reparti pour un tour.
Les méthodes sécuritaires
Conclusion
Votre
esquimautage est enfin sûre et efficace bravo ! Cette période
d’entraînement à mi chemin entre le jeu et l’exercice physique vous a fait
faire un pas de géant dans votre progression et a été pour vous, du moins je
l’espère, une partie de plaisir. Tout au plus avez vous les sinus un peu
douloureux si les essais ont été effectués sans pince-nez. Ne croyez pas cependant
que vous valez une classe de plus. La pratique de l’esquimautage une fois acquise
n'autorise aucune imprudence, et l'on doit naviguer comme si l'on
n'esquimautait pas.
En 1949, le meilleur esquimauteur français et promoteur de l'esquimautage,
s'est noyé dans le pire des obstacles artificiels existant sur les rivières ; le pied d’un barrage à rappel que l'on ne devait
pas sauter !
Concernant les autres menaces les plus courantes existants sur la
rivière tels que siphons, branches ou troncs d’arbres immergés, drossage creux,
autres bateaux, tout ce que l’on peut dire est qu'il vaut mieux terminer son
esquimautage avant d'y être confronté. Toutefois un minimum de prudence vous
permet d’éviter de telles situations dangereuses impliquant directement votre
sécurité.
Ceci
dit, l’esquimautage est un investissement valable pour sa sauvegarde et
celle de son bateau.
L'esquimautage est aussi le moyen d'espérer progresser dans de meilleures
conditions, d’éviter les éprouvants bains à répétitions qui en ont découragés
plus d’un, ceci tout en navigant sans trop dépendre des autres..
Références
A Kayak Rolling Primer |
Vidéos
|